Mon manteau Magnésium, Ivanne S
L’année dernière, je me suis essayée à mon premier manteau. Gros projet pour la plutôt débutante couturière que je suis. J’avais choisi le manteau Frisson, des Bobines Patterns, pour sa (relative) facilité : coupe ultra simple, difficultés de couture réduites au minimum. J’étais contente de mon manteau, quoique un poil étroit sur les hanches. Contrairement à tout le monde, ce modèle qui est sensé être loose, voire très loose, s’est révélé sur moi un chouilla trop petit. Mais ce n’est pas pour ça que je me suis lancée sur un autre manteau : J’ai eu la – très – désagréable surprise de voir mon tissu, sensément super qualité laine et cachemire, blanchir sur tous les points de frottement : boutonnières, boutons, dessous de manche… En un seul hiver. Au point que de façon personnelle je ne le trouve plus mettable. Me voilà donc lancée sur la réalisation d’un autre manteau. Cette fois-ci, le manteau Magnésium Femme, d’Ivanne S.
Je n’avais pas osé m’y atteler l’année dernière, ce modèle m’avait un peu fait peur. Essentiellement par l’absence des marges de couture sur le patronage. Mais pas que.
Erreur ! Un manteau, c’est un manteau, quelque soit le modèle. Ils ont toutes les mêmes pièces de base (et pas tant que ça en fait), les étapes de réalisation sont globalement toutes les mêmes. Et en plus, l’étape finale, celle qui fait le plus peur, l’assemblage du manteau intérieur et du manteau extérieur, est extrêmement simple avec la méthode choisie par Ivanne Soufflet. Avec un plus joli résultat que celle du Frisson ou de Opium (Deer & Doe) que j’avais suivie l’année dernière. Sans compter que, comme toujours avec Ivanne Soufflet, on est pris par la main.
La réalisation
Version choisie
Je suis partie sur un mix des deux versions de base du manteau Magnésium : le dos en version B (dos haut à pli creux + martingale) avec le devant en version A (sans découpe), version longue et col rabattu simple. Du pack « Compléments », j’ai pris les pattes de manche et les poches passepoilées.
Pourquoi ce mix entre la version B au dos et la version A devant ? Tout simplement parce que je n’aime pas cette ligne de découpe qui n’apporte rien visuellement devant (elle se justifie par le pli creux au dos).
Globalement, j’ai suivi une bonne partie des finitions dites « Finitions + » proposées par Ivanne S : épaulettes et cigarettes de manche (mais celles-ci faites manuellement, j’y reviens plus loin), col dessous retaillé, glaçage des ourlets de bas de manteau… Mais aucune surpiqure (sauf le col, pour le maintien), je n’avais pas envie.
Pour finir, j’hésitais entre la taille 40 et 42. Je suis entre les deux, plutôt vers le 40 que vers le 42, mais le manteau est annoncé loose par la créatrice elle-même, et taillant plutôt grand par celles qui l’ont réalisé. Comme je l’ai triplé, je suis finalement partie sur le 42.
Ah si ! J’ai eu un vrai coup de cœur pour une popeline de coton totalement extravagante. Et soyons clair que je n’aurai jamais portée en « vêtement visible ». Une pure merveille, je suis totalement fan :
Modifications anticipées
Je voulais un manteau chaud, très chaud. Je suis particulièrement frileuse et il m’arrive de rester longtemps dehors en pleine journée. J’ai donc doublé entièrement la doublure ( mhmm… ) avec une flanelle de coton. Tout simplement en découpant les pièces en double et en les assemblant précisément par superposition avec couture de maintien, cela donne des pièces à double couche de tissu.
Comme pour manteau Frisson, j’ai préféré l’entoilage tailleur plutôt que l’entoilage thermocollant, avec application au point chevrons, à la main (picotage, cela s’appelle… nouveau mot dans mon lexique couture…), sauf pour les passepoils et la fente des poches. Donc : le col, les parementures, les ourlets manches et bas.
Visuellement, je trouve la martingale proposée par Ivanne S. bien trop petite. Je l’ai doublée en longueur (mais pas en largeur). J’ai aussi préféré ne pas la faire en double épaisseur lainage (endroit / envers) : j’ai préféré faire extérieur lainage / intérieur doublure. Pareil pour les pattes de manche.
Ajustements en cours de route
Je déteste faire les essayages en cours de route. C’est très bête, je le sais bien, mais je repousse toujours le moment où je vais m’apercevoir que ça ne va pas, que ça ne me plait pas, que le tissu est moche, que… Stupide non ? Bref… Mais là, j’ai fait les essayages au fil de la couture. Cela m’a permis de faire deux ajustements :
J’ai raccourci le manteau de 3 cm (vive le petit outil ultra pratique que m’a offert Anyssa pour Noël ! Une jauge coulissante). La longueur me va très bien comme ça. Les puristes diront qu’il est tout juste trop court pour cacher la jupe (puisque sensément une jupe au-dessus du genou ne doit pas se voir sous le manteau… sensément… je m’en fiche).
J’ai aussi raccourci les pattes de manche de 3 cm. J’aurais même pu faire 3,5 cm. Avec la version de base, les pattes de manche vont jusque sous la manche. Outre que ce n’est pas très joli, les boutons qui cognent quand le bras se pose, c’est super agaçant.
Finitions persos
En plus du choix de l’entoilage tailleur en lieu et place de l’entoilage thermocollant, j’ai aussi posé des doubles boutons (boutons normaux côté extérieur et cousus en appui sur un petit bouton côté intérieur).
J’aurais voulu glacer la parementure, mais le choix du montage proposé par Ivanne S. ne le rend pas facile puisqu’elle assemble la parementure à la doublure. La parementure vient se poser sur le manteau extérieur à la toute fin, quand on retourne l’ensemble. Je ne me voyais pas glacer par l’intérieur de la fente de retournement. J’avais anticipé ça pour l’ourlet du bas en faisant le glaçage plus tôt que préconisé. On va voir si ça bouge dans le temps.
Quelques infos pratiques sur mon manteau Magnésium
- Fournitures et investissement financier : 277,90 €
- 3 m de lainage « laine et cachemire », magasin local, à 50 € / m : 150 € (je crois que j’ai plutôt eu 3,20 m…)
- 2 m de popeline « Peacock Persis », coloris 78, de Robert Kaufman, à 18,99 € / m (attention, en laize de 110 cm) : 37,98 €
- 1,70 m de flanelle de coton bio, à 6,99 € / m : 11,88 €
- 90 cm de doublure Bemberg, magasin local, à 6,75 € / m : 6,08 € (en fait, il y en avait 105 cm…)
- 1,25 m de toile tailleur légère, à 14,9 € / m : 18,65 €
- 1 rouleau de fixe-ourlets à 3,99 €
- 1 paire d’épaulettes à 3,05 €
- 2 bobines de fil de coton rouge Bordeaux, 500 m, à 3,99 € : 7,98 €
- 11 boutons métal Hilarion, à 2,19 € / un : 24,09 €
- Patron Magnésium et son complément : 14,20 €
Outch…
Petite analyse rétrospective
J’ai pris plus de toile tailleur que nécessaire. D’abord parce qu’il me fallait impérativement une hauteur complète de parementure, soit un mètre et des poussières, or chez Rascol, c’est par 25 cm. Il me restait des chutes de l’année dernière dans lesquelles j’ai pu couper toutes les petites pièces. Cela m’évitera de refaire une commande juste pour 1 m (commande minimale) pour la prochaine fois.
Les deux bobines de fil rouge, c’est une erreur. Je n’avais pas vu que c’était des 500 m… Donc une seule aurait suffit. En revanche, le fil de coton, c’est hélas un choix par défaut. Je ne trouvais pas le bon coloris dans les fils polyester, ni en Gütermann ni en Metler. J’espère que cela ne posera pas de problème dans le temps.
Je n’ai pas utilisé le fixe-ourlet thermocollant. Voilà un achat que j’aurais pu mieux réfléchir, anticiper.
- Cout réel estimé : environ 200 €
- En estimant que j’ai plutôt eu plus proche de 3,20 m de lainage (au lieu de 3m), j’ai utilisé 2,20 m de lainage → 100 €
- la hauteur du coupon des 2 m de popeline, en laissant un carré de 80 cm de côté → environ 29 €
- 1,20 m de flanelle → 8,40 €
- 75 cm de doublure → environ 5,10 €
- toile tailleur : il reste environ la moitié de la laize, sur toute la hauteur commandée, plus des chutes du coupon de l’année dernière → environ 12/13 € ?
- 1 paire d’épaulettes → 3,05 €
- 9 boutons sur les 11 commandés → 19,71 €
- moins d’une bobine de fil (mais je ne sais toujours pas estimer les longueurs restantes sur une bobine) → 3 €
- fils de surjet et autres fils → 2 €
- des chutes d’entoilage thermocollant pour les poches et les deux côtés de la patte de boutonnage → quelques centimes
- 5 petits boutons rouges de mon stock (1,99 € les 8) → 1,25 €
- le patron et ses compléments → 14,20 €
- papeterie (feuilles – 80 !!! – et scotch double face – 3 rouleaux – ) → 3 € je pense
À noter que le patron n’est disponible que en version PDF. Donc pour l’avoir en papier A0, il faut un surcout certain, puisqu’il y a 7 planches différentes, sans compter les compléments (un site m’indiquait 24 €… en plus du prix du patron donc…).
- Temps de confection : environ 59 heures de travail
Oui, c’est assez précis cette fois-ci…
- De la fin de la découpe des tissus jusqu’à la pose du dernier bouton, il y a très exactement 44 heures de live Twitch.
- Le collage des 80 feuilles A4 m’a demandé 2 heures.
- Le relevé (décalquage des pièces) et l’ajout des marges de couture, c’est environ 3 heures de travail.
- La découpe des pièces du patron encore 3 heures de plus.
- Et la première partie de la découpe des tissus (toutes les pièces doublure et triplure et l’agencement des pièces sur le lainage) c’est 5 heures de travail.
- J’ajoute également les 2 heures de décatissage à la pattemouille des 3 m de lainage…
Voilà, on arrive à 59 heures de travail.
Vous allez me dire que sur les lives Twitch, on bavarde, on diverge parfois un peu. C’est d’ailleurs tout l’intérêt et le plaisir : bavarder, discuter, voire débattre. Et donc qu’on y « perd du temps » ou en tout cas qu’on met plus de temps. Oui, c’est vrai.
Mais quand on coud dans son coin, est-on vraiment à 100% concentré du début à la fin ? On ne se distrait jamais en regardant un petit coup Insta ou What’sApp ? On ne s’arrête pas pour fureter sur la VoD pour trouver une autre série à regarder parce que la sienne vient de se terminer ? Voire on ne se perd pas sur le net juste parce qu’on a cherché une info sur les marges de couture et que finalement on se retrouve à regarder une vidéo sur la dernière recette à la mode de galette des rois ? Oui oui, j’en vois, derrière là, qui se cachent derrière leur livret technique hein !
Pour ma part, même avec les bavardages du direct, je pense ne pas mettre plus de temps que toute seule avec une série.
Alors, verdict sur mon manteau Magnésium ?
Côté patron
Comme toujours, rien à redire aux livrets techniques de Ivanne S. Ils sont complets presque à l’overdose, avec une version simple et une version intégrale, plus un livret pour chacune des options… Impossible de se perdre, on est vraiment pris par la main. On le dit très souvent : ce sont de vrais livres d’apprentissage.
J’aime vraiment beaucoup la méthode d’assemblage final du manteau intérieur au manteau extérieur. Cela tombe parfaitement, sans avoir besoin de recourir à la moindre couture main pour raccorder des trous qui resteraient, en général sur les bas de parementure… Impressionnant.
Quelques petits points de détails tout de même : j’aurais aimé un placement des poches passepoilées plus précis (cela m’a pris un peu de temps pour bien ajuster, et sans être sure d’être bien symétrique puisque je l’ai fait sur moi, en cours d’assemblage) et j’ai un doute sur le placement proposé des boutonnières (gauche… droite…).
A propos des poches passepoilées, j’ai suivi les consignes des copines de couture Twitch : le devant de poche en lainage, pour bien faire écran au froid, mais le dessous de poche en popeline de coton, pour faire un accent coloré sur l’ouverture de la poche. Petit détail, mais c’est chouette.
Sur le dessin du patron, j’ai toutefois les mêmes réserves que sur les modèles précédents, le pantalon Saïki et le caraco Calcium (non publiés ici, mais dont j’avais parlé dans mon bilan 2020). Je suis agacée que sur un modèle disponible uniquement au format PDF, il ne soit pas possible de sélectionner les tailles à imprimer (système de calques). Mais soit, passons. Sauf que mon agacement grimpe d’un cran quand j’observe les tracés : des traits épais (au moins en 1.5, peut-être même 2.0), qui deviennent illisibles lorsqu’ils se rejoignent. J’ai refait 5 fois le relevé de la tête de manche et chacun était différent du précédent… impossible de suivre le même « chemin ». Le pire, ça a été la ligne de découpe dite « Petite croisure », quelque soit la taille, les tracés sont en noir. Là où les tailles se rejoignent, on a un trait de près de 5 mm d’épaisseur…
Côté modèle
Le manteau est annoncé plutôt loose par la créatrice. C’est dans tous les cas un modèle droit, sans cintrage à la taille. J’étais entre le 40 et le 42. J’ai bien fait de choisir le 42. C’est très bien au niveau des épaules, je ne me sens ni engoncée ni perdue dans le manteau. C’est toutefois vraiment loose au niveau de la taille. De façon personnelle, j’apprécierai un léger cintrage (voire pas si léger).
En revanche, à refaire un modèle plus léger, demi-saison, je passerai en taille 40, donc en-dessous de ma taille.
La martingale et les pattes de manche, cela relève du gout personnel. Moi j’aime :-).
Les manches sont longues, elles recouvrent le haut de la main. Probablement trop longues pour la plupart des gens. Mais tant mieux, au contraire, ça me va très bien, c’est exactement la longueur que je souhaitais. J’ai une longueur de bras tout à fait dans la norme et pourtant je rallonge souvent les manches, je préfère que ça recouvre complètement mon poignet. Et encore plus pour un manteau !
Petites auto-critiques
Je sais que ma machine fait des boutonnières plutôt un poil trop grandes. J’ai donc fait quelques tests et avec la taille de boutonnières immédiatement en dessous, c’était nickel pour le passage du bouton (bouton préalablement cousu sur une chute, donc situation réelle). Finalement, cela se révèle un peu trop juste sur le manteau. J’espère que ça ne va pas trop tirer sur les boutons. Comment faire une bêtise sur la ligne d’arrivée…
Les cigarettes de manche, c’est un ratage. Je les ai découpées dans de la feutrine en suivant les indications du livret (et des quelques articles sur lesquels j’ai fureté). À mon sens, ce n’est pas tout à fait assez épais / gonflant, et surtout, cela gondole en suivant la tête de manche puisqu’il y a de l’embu, ce qui est tout le contraire de ce qui est recherché. Et cela se voit sur le manteau. Je me demande si « pas de cigarette » (et donc un tombé un peu plat) ne serait pas mieux qu’avec (et donc le tissu qui gondole).
Le col rebique un peu à droite. Peut-être un léger décalage en couture, ou en retaillage de dessous de col.
Mais globalement, je crois avoir fait plutôt du bon travail.
Bon, OK, mais alors ?
Ben… il est plutôt chouette mon manteau non ?
❤ En tout cas, moi je suis fan. ❤
J’espère que la tenue dans le temps sera à la hauteur de l’investissement, en temps ou financier. J’ai un petit souci avec les boutons. Ils sont mal ébarbés à l’intérieur et cisaillent le fil de couture. Je les ai déjà recousus une fois. Il va falloir les polir. J’espère que je n’aurai pas à changer l’ensemble (parce que pour la martingale et les pattes de manche, il faut découdre la doublure pour les atteindre).
En dehors de ça, le manteau est chaud (mais pas ultra-chaud, peut-être un poil moins chaud que ce à quoi je m’attendais). Il est confortable, y compris avec pull et sous-pull. Il est suffisamment long pour que quand je m’assois, j’ai le bas du manteau sous les fesses (détail important puisque je m’assois sur un muret en béton en récréation !).
Vu les températures de cette semaine et celles à venir, je crois que je vais l’apprécier ce manteau Magnésium !
Grand merci spécial à mes parents… qui m’ont offert toutes les fournitures pour Noël 🥰🎄🎁.
Un commentaire
HFL
Bravo pour ce beau manteau et les informations que vous nous donnez concernant votre expérience à coudre le patron.
J’ai acheté ce patron à sa sortie mais n’ai toujours pas le courage de le coudre ! votre version et vos conseils me donnent envie de me lancer.